Alors que les rumeurs de fusion entre Honda et Nissan ont animé les discussions du secteur automobile en début d’année, les deux constructeurs japonais ont officiellement renoncé à un rapprochement capitalistique. Toutefois, loin de marquer un recul, cette décision ouvre la voie à une coopération ambitieuse, axée sur le développement logiciel, l’électrification et l’optimisation industrielle.
Une entente logicielle pour les véhicules du futur
Les deux groupes ont signé un protocole d’accord (MOU) portant sur le développement d’une plateforme logicielle commune pour les « véhicules définis par logiciel » (Software-Defined Vehicles ou SDV). L’objectif est de concevoir une base logicielle modulaire et scalable, capable d’intégrer des fonctions avancées de conduite autonome, de connectivité et d’intelligence artificielle embarquée.
Cette plateforme, attendue d’ici la fin de la décennie, permettra aux deux marques de mutualiser les investissements en R&D et de réduire significativement les coûts liés à la complexité logicielle croissante dans les véhicules électriques et connectés.
Une collaboration industrielle au service de la rentabilité
Au-delà du développement logiciel, Honda et Nissan prévoient d’optimiser leurs capacités industrielles. Nissan envisage notamment de produire certains pickups pour Honda dans son usine de Canton (Mississippi), actuellement sous-utilisée. Cette approche permettra de maximiser les économies d’échelle tout en renforçant la production locale pour répondre aux exigences des réglementations douanières américaines.
Objectifs communs et complémentarité stratégique
La coopération repose sur une logique gagnant-gagnant, dans un contexte de transformation accélérée du secteur automobile. Les synergies visées touchent à plusieurs niveaux :
- Développement commun de logiciels embarqués, incluant les mises à jour à distance (OTA)
- Standardisation de composants techniques clés comme les batteries et les e-axles
- Partage de plateformes pour certains véhicules utilitaires et SUV
- Optimisation des usines américaines pour limiter les coûts logistiques et les droits de douane
- Exploration de services communs dans l’économie circulaire (recyclage de batteries, recharge, etc.)
Un refus assumé de la fusion
Si les discussions autour d’une fusion avaient été évoquées fin 2024, les deux constructeurs ont finalement écarté cette option. Des divergences sur la gouvernance, les cultures d’entreprise et la protection de l’indépendance de chaque marque ont motivé ce choix. L’objectif reste clair : préserver l’identité propre de chaque entité tout en nouant une collaboration pragmatique et ciblée.
Vers une montée en puissance progressive
Le partenariat devrait s’intensifier au fil des années, à mesure que les projets conjoints se concrétisent. À court terme, la priorité est donnée à la mise en place de standards logiciels communs. À moyen terme, des véhicules Honda pourraient sortir des chaînes de production de Nissan aux États-Unis. Enfin, à long terme, l’alliance pourrait s’étendre à de nouveaux domaines, notamment les services connectés, les énergies renouvelables et la gestion intelligente des flottes.
Un front commun face à la concurrence asiatique et technologique
Cette coopération non fusionnelle est aussi une réponse directe à la montée en puissance des constructeurs chinois, notamment BYD, et des géants technologiques comme Tesla. En unissant leurs forces tout en conservant leur autonomie, Honda et Nissan entendent bâtir une alternative japonaise crédible, flexible et compétitive dans un marché en pleine mutation.