CO₂ : les constructeurs dépassent les seuils européens au premier semestre 2025

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Dernière mise à jour le 31 juillet 2025
CO₂ : les constructeurs dépassent les seuils européens au premier semestre 2025

Malgré des années d’efforts vers la décarbonation, le premier semestre 2025 marque un revers pour le secteur automobile européen. Les données récentes montrent que les constructeurs ont, dans leur ensemble, dépassé la limite réglementaire de 93,6 g de CO₂/km fixée par l’Union européenne pour la période 2025-2029. Un écart qui pourrait coûter plusieurs milliards d’euros à l’industrie si aucune correction rapide n’est engagée.

Une moyenne alarmante pour le secteur

Au premier semestre 2025, la moyenne pondérée des émissions de CO₂ des voitures particulières neuves immatriculées dans l’espace EU30 atteint environ 102 g/km. Cela représente un dépassement de près de 9 g par rapport au plafond imposé. Ce chiffre confirme une tendance observée depuis la fin de l’année 2024, où le ralentissement des ventes de véhicules électriques a directement impacté la performance carbone moyenne du parc neuf.

Le seuil de 93,6 g/km, bien que défini dès 2019, semble désormais difficile à respecter pour une majorité de constructeurs. Les véhicules 100 % thermiques, encore largement majoritaires dans certains segments, tirent les moyennes vers le haut, tandis que les modèles électriques et hybrides rechargeables n’atteignent pas encore le volume critique nécessaire pour compenser.

Classement des performances par pool de constructeurs

Les performances en matière de CO₂ varient fortement d’un groupe automobile à l’autre. Certains s’approchent des objectifs fixés, d’autres en sont très éloignés. Voici un aperçu des écarts relevés par rapport à la limite de 93,6 g/km :

Pool de constructeurs Écart moyen au-dessus du seuil (g CO₂/km)
BMW 0 g (conforme)
Mercedes – Volvo – Polestar +3 g
Renault +5 g
Tesla – Stellantis – Toyota +8 g
Nissan +29 g

BMW est le seul groupe à avoir déjà atteint ses objectifs pour 2025, grâce à une stratégie de mix produit très axée sur l’électrification. Le pool Mercedes, Volvo et Polestar limite les dégâts avec seulement 3 g de dépassement, en grande partie grâce aux bons résultats de Volvo sur les hybrides rechargeables et aux BEV de Polestar. À l’inverse, Nissan se retrouve à 29 g au-dessus du seuil, un retard inquiétant qui l’expose à des amendes très lourdes.

Le spectre des sanctions financières

Conformément à la réglementation européenne, chaque gramme de CO₂ excédentaire est passible d’une amende de 95 € par véhicule vendu. Selon les projections actuelles, un dépassement moyen de 12 g CO₂/km appliqué à environ 11 millions de voitures neuves en Europe pourrait coûter à l’industrie jusqu’à 12,5 milliards d’euros en pénalités d’ici la fin de l’année.

Certains constructeurs comme Volkswagen, Ford ou Toyota accusent des retards importants et devront réduire leurs émissions de 21 à 29 % dans les mois à venir pour espérer échapper à ces amendes. Même des groupes historiquement performants, comme Mercedes, ont encore plusieurs grammes à rattraper.

Les causes d’un recul collectif

Plusieurs facteurs expliquent ce recul généralisé :

  • Un ralentissement des ventes de véhicules 100 % électriques au premier trimestre 2025
  • Une stagnation du développement des hybrides rechargeables dans certains pays
  • Des lancements de SUV thermiques ou hybrides lourds, qui pénalisent les moyennes
  • Un désengagement temporaire de certains marchés vis-à-vis des incitations gouvernementales

À cela s’ajoute une forte pression logistique et financière sur les chaînes d’approvisionnement, qui ralentit le déploiement de certains modèles à faibles émissions dans les concessions européennes.

Quelle marge de manœuvre pour 2025 ?

Pour respecter leurs objectifs annuels, les constructeurs doivent mettre en œuvre rapidement des actions correctives : rééquilibrer leur mix produit en faveur des modèles électrifiés, accélérer les livraisons de BEV déjà homologués, activer les crédits CO₂ européens (super-crédits, éco-innovations), ou encore former de nouveaux pools de conformité entre marques pour mutualiser les efforts.

Certains États membres appellent déjà à un assouplissement temporaire du régime de pénalités, mais les autorités européennes restent fermes sur la trajectoire à respecter d’ici 2030. Les prochains mois seront donc déterminants pour l’avenir carbone de l’automobile européenne.

À mi-parcours de l’année, le constat est clair : l’heure n’est plus aux engagements mais aux résultats. La transition énergétique, pour être crédible, doit désormais se traduire en chiffres, gramme par gramme.

Dimitri Hubert
Dimitri Hubert

Passionné par les voitures depuis son plus jeune âge, Dimitri a travaillé pendant 20 ans dans un garage automobile et pendant 10 ans chez un concessionnaire. Aujourd'hui, il partage son expertise à travers des analyses détaillées et des retours d'expériences sur l'univers automobile.

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