Le constructeur automobile japonais Nissan a enregistré une perte nette de 115,76 milliards de yens au deuxième trimestre 2025, soit environ 782 millions d’euros. Un revers brutal pour la marque, qui avait pourtant dégagé un bénéfice de 28,56 milliards de yens à la même période un an plus tôt. Ce résultat illustre la gravité de la crise que traverse le groupe, dans un contexte de ventes mondiales en chute libre et de pressions tarifaires américaines croissantes.
Des résultats financiers en forte dégradation
La perte nette n’est pas le seul indicateur inquiétant : Nissan a également subi une perte d’exploitation de 79,1 milliards de yens, sur un chiffre d’affaires trimestriel en recul de 10 %, s’établissant à 2,707 trillions de yens. Il s’agit du quatrième trimestre consécutif dans le rouge, et les analystes redoutent que la situation ne s’aggrave encore au second semestre.
Un impact massif des tarifs douaniers américains
Une large part de cette perte s’explique par les nouveaux droits de douane américains appliqués aux véhicules produits au Japon et au Mexique. Sur le seul trimestre, Nissan évalue l’impact de ces mesures protectionnistes à environ 68,7 milliards de yens en pertes opérationnelles. Le groupe anticipe une ponction de près de 300 milliards de yens sur l’ensemble de l’exercice fiscal, réduisant drastiquement sa marge de manœuvre sur les marchés nord-américains.
Un plan de redressement massif en cours
Face à cette tempête, Nissan a lancé un plan de restructuration baptisé « Re:Nissan ». Dirigé par le nouveau CEO Ivan Espinosa, nommé en avril 2025, ce programme vise un retour à la rentabilité d’ici l’année fiscale 2026. Il repose sur plusieurs leviers drastiques :
- La suppression de 20 000 emplois dans le monde d’ici mars 2028 (soit 15 % des effectifs), dont 9 000 déjà identifiés.
- La fermeture de plusieurs usines : notamment Civac au Mexique d’ici 2026, et Oppama au Japon d’ici 2028.
- La réduction de la capacité annuelle globale de production de 3,5 à 2,5 millions de véhicules hors Chine.
- Une économie visée de 500 milliards de yens sur deux ans.
Chiffres-clés du premier semestre 2025
| Indicateur | Valeur | Évolution |
|---|---|---|
| Ventes mondiales | 1 615 000 véhicules | –5,7 % |
| Production globale | 1 439 000 unités | –10,8 % |
| Exportations depuis le Japon | ≈ –17,8 % | En forte baisse |
| Chiffre d’affaires T2 | 2,707 trillions de yens | –10 % |
| Résultat net T2 | –115,76 milliards de yens | Retour aux pertes |
Une dépendance risquée à l’exportation
Plus de 70 % des ventes de Nissan dépendent de l’international, une exposition aujourd’hui fragilisée par la montée du protectionnisme et la volatilité des devises. La concurrence, notamment chinoise, sur les segments électriques et hybrides accentue encore la pression. Nissan se retrouve confrontée à un impératif : réduire sa dépendance aux marchés extérieurs et moderniser en profondeur son offre produit.
Des perspectives incertaines mais un cap affirmé
Malgré la gravité de la situation, la direction de Nissan reste confiante dans la capacité du groupe à rebondir. Le CEO Ivan Espinosa a réaffirmé sa volonté de recentrer Nissan sur l’innovation, la rentabilité industrielle et l’électrification progressive de la gamme. Le cap est donné, mais le chemin s’annonce ardu.
Le second semestre sera décisif. Si les ventes continuent de reculer, une révision à la baisse des objectifs annuels n’est pas à exclure. Nissan joue désormais sa crédibilité industrielle et financière, dans un environnement mondial de plus en plus concurrentiel et instable.
