Le groupe automobile Stellantis traverse un premier semestre 2025 marqué par un recul brutal de sa rentabilité, principalement dû à l’effet des nouveaux tarifs douaniers américains. Malgré une perte estimée à 300 millions de dollars liée aux droits d’importation sur certains marchés, le constructeur affirme sa volonté de ne pas répercuter cette charge sur les consommateurs. Un choix stratégique audacieux, dans un contexte de transition industrielle et de réorganisation managériale.
Un premier semestre sous pression tarifaire
Entre janvier et juin 2025, Stellantis a enregistré une perte nette de 2,3 milliards d’euros, contre un bénéfice de 5,6 milliards un an plus tôt. Le chiffre d’affaires a chuté de 13 %, à 74,3 milliards d’euros, tandis que les livraisons mondiales ont reculé de 6 %, soit environ 1,4 million de véhicules écoulés. L’Amérique du Nord a été la plus touchée, avec un effondrement des livraisons de 25 %.
La principale cause de cette dégradation financière est la mise en place de droits de douane de 25 % sur les importations de véhicules vers les États-Unis. Stellantis, qui exporte une partie de ses modèles depuis le Mexique et le Canada, a subi un impact direct de 300 millions d’euros sur le seul premier semestre.
Un impact anticipé à 1,7 milliard de dollars pour 2025
Les projections internes tablent sur un coût total annuel des tarifs compris entre 1,5 et 1,7 milliard d’euros, soit environ 1,7 milliard de dollars, si les conditions commerciales ne sont pas modifiées au second semestre. L’effet de ces tarifs est donc loin d’être marginal, affectant structurellement la compétitivité des modèles produits hors États-Unis.
Pas de hausse de prix pour les clients
Face à cette pression, Stellantis adopte une ligne stratégique claire : ne pas augmenter les prix de vente pour les consommateurs. Une décision qui tranche avec celle de certains concurrents, et qui vise à préserver la fidélité client dans un marché déjà tendu par l’inflation et la volatilité du crédit.
Pour absorber ces surcoûts, le groupe s’appuie sur :
- des gains de productivité dans ses usines existantes,
- la révision de certains programmes industriels non rentables,
- et une politique active d’ visant à relocaliser certaines productions vers des sites américains ou européens.
Une restructuration sous nouvelle direction
Arrivé en mai 2025, le nouveau CEO Antonio Filosa a immédiatement lancé un audit stratégique. Il a confirmé que le second semestre serait consacré à des « décisions difficiles mais nécessaires » pour restaurer la marge opérationnelle. Celle-ci s’est effondrée à seulement 0,7 %, très loin des standards attendus pour un groupe de cette taille.
Parmi les ajustements mis en œuvre ou envisagés :
- gel de plusieurs projets de véhicules thermiques pour le marché nord-américain,
- réduction ciblée des effectifs dans certaines usines mexicaines,
- négociation avec les autorités locales pour des soutiens fiscaux à la relocalisation industrielle.
Résultats financiers H1 2025 – Stellantis
Indicateur | H1 2024 | H1 2025 | Évolution |
---|---|---|---|
Bénéfice net | 5,6 Md € | –2,3 Md € | –7,9 Md € |
Chiffre d’affaires | 85,4 Md € | 74,3 Md € | –13 % |
Livraisons (véhicules) | 1,49 million | 1,40 million | –6 % |
Impact des tarifs (estimation) | — | 300 M € | Nouveau poste |
Marge opérationnelle | 7,4 % | 0,7 % | –6,7 pts |
Vers un rebond au second semestre ?
Malgré ces résultats en berne, la direction affirme que la situation est sous contrôle. Un retour à un flux de trésorerie libre positif est attendu au second semestre, grâce à l’optimisation des stocks et à la montée en puissance de nouveaux modèles électrifiés sur les marchés européens.
Stellantis maintient son cap stratégique : ne pas sacrifier ses positions commerciales à court terme pour absorber une pression tarifaire temporaire. Reste à voir si les ajustements industriels et politiques engagés suffiront à contenir l’hémorragie sans entamer la confiance des actionnaires et des clients.