Le scandale des airbags Takata prend une nouvelle dimension en France. Déjà responsable de plusieurs dizaines de morts à travers le monde, ce dysfonctionnement majeur touche désormais des millions de véhicules, dont 1,7 millionclassés en « stop drive » par les autorités françaises. Face à l’urgence sécuritaire, le gouvernement a décidé de hausser le ton : les constructeurs automobiles sont désormais obligés de prêter un véhicule de remplacement à tout propriétaire concerné par un airbag dangereux dont la réparation tarde.
Un dispositif gouvernemental renforcé
L’annonce a été faite le 29 juillet 2025 par le ministère des Transports, via un arrêté particulièrement contraignant. Cette nouvelle réglementation vise à protéger les conducteurs et passagers des véhicules équipés d’airbags Takata, susceptibles d’exploser en projetant des fragments métalliques lors de leur déclenchement. Les airbags en cause, notamment ceux contenant du nitrate d’ammonium sans agent desséchant (PSAN) ou les modèles NADI, ont déjà fait plusieurs victimes mortelles, dont une conductrice décédée en juin 2025 à Reims.
Ce drame a servi de catalyseur à une mobilisation sans précédent des autorités françaises. Le gouvernement impose désormais aux constructeurs une série d’obligations rigoureuses, allant du rappel systématique à l’accompagnement des usagers, en passant par le respect de délais précis et la fourniture gratuite de solutions de mobilité.
Des rappels élargis et des délais serrés
Les constructeurs doivent désormais remplacer tous les airbags Takata défectueux d’ici fin 2026, y compris sur les véhicules les plus anciens. Cela concerne environ 2,5 millions de véhicules en France, dont 1,7 million immobilisés en raison d’un niveau de risque jugé critique.
Le périmètre du « stop drive » est désormais élargi à :
- Tous les véhicules immatriculés avant le 31 décembre 2011,
- Tous les véhicules en Corse et en Outre-mer, quelle que soit leur date d’immatriculation.
Les propriétaires doivent être informés dans un délai d’un mois, et les constructeurs doivent mettre à jour leurs plateformes d’identification des rappels. En cas de diagnostic positif, un rendez-vous de réparation doit être proposé dans les 20 jours, et la réparation réalisée dans un délai maximal de 15 jours après ce rendez-vous.
Une solution de mobilité obligatoire pour les usagers
Le point central de cet arrêté réside dans une mesure inédite : le prêt de véhicule de remplacement devient obligatoire. Si le constructeur est dans l’incapacité d’assurer la réparation dans les 15 jours suivant la prise de contact du client, il est tenu de proposer un véhicule de remplacement équivalent, ou de fournir une autre solution de mobilité gratuite, adaptée au besoin de l’usager.
Cette obligation concerne notamment les cas de stop drive, où la circulation du véhicule est interdite pour des raisons de sécurité. Il s’agit d’un véritable soulagement pour les conducteurs, souvent confrontés à des mois d’attente sans alternative ni compensation.
Des sanctions financières en cas de manquement
Pour contraindre les constructeurs à respecter ces nouvelles obligations, le gouvernement a prévu des astreintes financières importantes. En cas de non-respect des délais, de mauvaise gestion du stock ou d’absence de communication auprès des usagers, les marques s’exposent à :
- Des pénalités hebdomadaires,
- Des astreintes journalières allant jusqu’à plusieurs milliers d’euros par dossier,
- Une sanction administrative pouvant dépasser 1 million d’euros pour les cas graves ou répétés.
De plus, un rapport hebdomadaire doit être envoyé au Service de Surveillance des Marchés de Véhicules Motorisés (SSMVM), permettant un suivi régulier des actions entreprises.
Une responsabilité partagée mais mal acceptée
La réaction des constructeurs, notamment de groupes comme Stellantis ou Toyota, reste contrastée. Certains mettent en avant la complexité logistique, la pénurie d’airbags de rechange, ou encore les difficultés d’identification des véhicules les plus anciens. D’autres s’efforcent de se mettre en conformité, en développant des partenariats avec des loueurs ou en mettant à disposition leur propre flotte de véhicules de courtoisie.
Mais du côté des usagers et des associations de victimes, la colère monte. Nombreux sont ceux à dénoncer le manque de transparence, les délais excessifs, et l’indifférence dont ils estiment avoir été victimes jusque-là.
Comment savoir si vous êtes concerné ?
Les automobilistes peuvent vérifier si leur véhicule est équipé d’un airbag Takata dangereux en saisissant le numéro VIN(numéro d’identification du véhicule) sur le site du constructeur ou sur le portail officiel des rappels de véhicules du gouvernement.
En cas de confirmation, il est impératif de ne plus utiliser le véhicule et de contacter le service après-vente pour demander un rendez-vous de remplacement, ou une solution de mobilité immédiate.