Une année noire pour la production
En 2025, l’industrie automobile du Royaume-Uni connaît un repli sans précédent. Selon les dernières données, la production nationale devrait s’établir autour de 755 000 véhicules, marquant une baisse de 15 % par rapport à l’année précédente. Cette dégringolade propulse le secteur à son niveau le plus bas depuis les années 1950 – hors période de pandémie – et reflète l’ampleur des turbulences qui affectent les chaînes d’approvisionnement, la demande internationale et les exportations.
Plus concrètement, au premier semestre 2025, la production de voitures a diminué de 7,3 % avec 385 810 unités, tandis que celle des véhicules utilitaires a chuté de 45,4 % pour atteindre seulement 31 422 unités. Le mois d’avril a été particulièrement alarmant, enregistrant les plus faibles volumes d’avril depuis 1952. L’industrie fait ainsi face à un ralentissement brutal qui met à l’épreuve sa résilience.
Des exportations fragilisées par la géopolitique
Les constructeurs britanniques ont été durement touchés par les tensions commerciales mondiales, en particulier les droits de douane imposés par les États-Unis sur les importations de véhicules. Cette politique protectionniste a conduit certaines marques, comme Jaguar Land Rover, à suspendre temporairement leurs expéditions transatlantiques en attendant un nouvel accord bilatéral.
En parallèle, les exportations vers l’Union européenne ont reculé de 19,1 %, accentuant encore les pertes. Cependant, certains marchés ont enregistré des hausses notables, comme la Chine (+44 %) ou la Turquie (+31 %), montrant que des poches de croissance subsistent malgré les turbulences mondiales.
La transition vers l’électrique : un levier d’espoir
Malgré cette crise conjoncturelle, la part des véhicules électrifiés (hybrides, PHEV et 100 % électriques) dans la production totale ne cesse de croître. Avec 160 107 unités produites au premier semestre, les modèles électrifiés représentent désormais 41,5 % des volumes, un record historique pour le pays. Ce virage vers une mobilité plus durable pourrait constituer l’un des piliers de la relance.
Un soutien gouvernemental sous conditions
Face à cette situation critique, le gouvernement britannique a réagi en lançant une nouvelle prime à l’achat de véhicules électriques, dotée d’un budget de 650 millions de livres. Ce dispositif prévoit une aide allant jusqu’à 3 750 £ pour les modèles électriques coûtant moins de 37 000 £. S’il a le potentiel de dynamiser le marché intérieur, ce plan a aussi été critiqué pour son manque de concertation avec les industriels et sa mise en œuvre précipitée.
Les perspectives pour 2026 : une reprise prudente
Malgré la morosité ambiante, les prévisions pour 2026 laissent entrevoir une amélioration progressive. Les experts tablent sur une hausse de 6,4 % de la production, avec un objectif de 803 000 véhicules produits. Cette embellie reposerait sur plusieurs facteurs : l’apaisement des tensions commerciales, les effets du nouveau partenariat commercial avec les États-Unis, et la montée en puissance des usines électrifiées, comme celle de Nissan à Sunderland.
La Society of Motor Manufacturers and Traders (SMMT) appelle toutefois à une stratégie industrielle claire et volontariste, combinant baisse des coûts énergétiques, soutien aux formations techniques, et incitations à l’innovation. C’est à cette condition que le Royaume-Uni pourra redevenir un acteur compétitif dans l’arène automobile mondiale.
Chiffres clés de la production britannique en 2025
Indicateur | Valeur | Évolution |
---|---|---|
Production totale estimée | 755 000 véhicules | –15 % |
Voitures produites (S1 2025) | 385 810 | –7,3 % |
Utilitaires produits (S1 2025) | 31 422 | –45,4 % |
Part des véhicules électrifiés | 41,5 % | +1,8 % |
Prévision pour 2026 | 803 000 véhicules | +6,4 % |
Conclusion
La baisse marquée de la production automobile au Royaume-Uni en 2025 illustre les fragilités d’un secteur exposé aux chocs mondiaux. Toutefois, les bases d’une relance sont posées, notamment grâce au développement de l’électromobilité et à l’intervention des pouvoirs publics. L’année 2026 s’annonce comme un tournant décisif : soit l’industrie rebondit, soit elle entre dans une spirale de déclassement industriel. Le compte à rebours est lancé.