Électrification en marche : l’Europe automobile à la croisée des chemins

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Dernière mise à jour le 24 juillet 2025
Électrification en marche : l’Europe automobile à la croisée des chemins

Alors que le marché automobile européen affiche un recul notable, une transformation structurelle s’opère discrètement mais inexorablement : la montée fulgurante des véhicules électrifiés. Entre baisse des immatriculations globales, recul des ventes thermiques et explosion des ventes électriques et hybrides, l’industrie automobile européenne vit un tournant majeur de son histoire.

Une contraction brutale du marché européen

En juin 2025, les immatriculations de voitures neuves en Europe (UE, Royaume-Uni et pays de l’EFTA) ont chuté de plus de 5 %. Dans l’Union européenne seule, la baisse atteint 7,3 %. Ce repli concerne principalement les motorisations thermiques : les moteurs essence affichent une baisse de 21,2 % au premier semestre, tandis que les diesels s’effondrent de 28,1 %. Plusieurs facteurs expliquent cette chute : inflation persistante, réduction progressive des aides à l’achat, pression réglementaire accrue et incertitude des consommateurs face à la transition énergétique.

Explosion des ventes de véhicules électrifiés

Face à cette morosité, les véhicules électrifiés s’imposent comme les nouveaux piliers de la croissance. Au premier semestre 2025, près de 60 % des voitures immatriculées dans l’Union européenne sont hybrides ou électriques. Les véhicules 100 % électriques (BEV) représentent désormais 15,6 % du marché, tandis que les hybrides (HEV) atteignent 34,8 %, en forte progression dans les principaux pays de l’UE. La tendance est particulièrement marquée en France (+34 %), en Espagne (+32,8 %) et en Italie (+10 %).

L’Allemagne, moteur de l’électrification

En Allemagne, plus de 248 000 véhicules électriques ont été vendus au premier semestre 2025, soit une hausse de 35 % par rapport à l’année précédente. Ces ventes représentent désormais 17,7 % du marché national. L’accélération s’explique par l’élargissement de l’offre, l’amélioration des infrastructures de recharge et la pression politique croissante en faveur de la décarbonation.

La percée des marques asiatiques

Alors que les groupes européens rationalisent leurs sites de production et ferment certaines usines, notamment dans les pays à coût élevé, les marques chinoises grignotent du terrain. BYD, par exemple, a vu ses ventes bondir de 311 % au premier semestre, atteignant 70 500 unités vendues. Sa part de marché européenne frôle les 5,1 %, tout juste derrière Mercedes (5,2 %). Cette percée s’explique en partie par une stratégie tarifaire agressive et une gamme de véhicules bien adaptée aux attentes européennes.

Tesla en perte de vitesse

En revanche, Tesla connaît un net recul sur le Vieux Continent. Ses ventes ont chuté de 33 % au premier semestre 2025, passant de 165 000 à 110 000 unités. La marque voit sa part de marché glisser de 2,4 % à 1,6 %. Cette baisse s’explique par une concurrence renforcée, une image en déclin et une gamme jugée vieillissante face aux nouveautés européennes et chinoises.

Un avenir dominé par l’électrique

Malgré les tensions, les projections restent optimistes pour l’électrique. À l’échelle mondiale, plus de 20 millions de véhicules électriques devraient être vendus en 2025, soit plus de 25 % des ventes totales. En Europe, certains groupes, comme Volkswagen, visent 80 % de ventes en BEV d’ici 2030. D’autres, comme Ampere, ambitionnent de passer de 300 000 à 1 million de véhicules électriques vendus entre 2025 et 2031.

Un paysage en pleine recomposition

Pour mieux visualiser les dynamiques du marché en 2025, voici un tableau synthétique des parts de marché par type de motorisation dans l’Union européenne au premier semestre :

Type de motorisation Part de marché (UE – H1 2025)
Hybride non rechargeable (HEV) 34,8 %
Véhicule 100 % électrique (BEV) 15,6 %
Hybride rechargeable (PHEV) 8,7 %
Essence 28,9 %
Diesel 11,2 %

Des enjeux politiques et industriels majeurs

La transition ne se fait pas sans résistance. Certains pays, comme l’Allemagne, refusent les objectifs les plus contraignants proposés par l’Union européenne, notamment celui d’imposer des flottes 100 % électrifiées aux entreprises d’ici 2030. Parallèlement, les industriels s’adaptent à marche forcée : fermetures d’usines, alliances stratégiques dans les logiciels ou les batteries, et pression constante sur les coûts pour proposer des véhicules électriques à moins de 25 000 €, jugés indispensables pour conquérir le grand public.

En somme, l’Europe automobile vit une double dynamique : un repli brutal de son modèle traditionnel et une électrification galopante portée par des enjeux environnementaux, politiques et technologiques. L’enjeu n’est plus de savoir si la voiture électrique va dominer le marché, mais comment et à quel rythme cette domination va s’imposer dans un contexte de compétition mondiale toujours plus intense.

Dimitri Hubert
Dimitri Hubert

Passionné par les voitures depuis son plus jeune âge, Dimitri a travaillé pendant 20 ans dans un garage automobile et pendant 10 ans chez un concessionnaire. Aujourd'hui, il partage son expertise à travers des analyses détaillées et des retours d'expériences sur l'univers automobile.

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