Flottes d’entreprise : vers la fin du thermique dès 2030 ?

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Dernière mise à jour le 21 août 2025
Flottes d’entreprise : vers la fin du thermique dès 2030 ?

Un projet évoqué à Bruxelles viserait à interdire l’achat de voitures thermiques par les loueurs et grandes flottes d’entreprises à partir de 2030. À ce stade, il ne s’agit pas d’un acte juridique adopté mais d’un scénario au cœur des travaux de la Commission, qui prépare pour fin 2025 une proposition dédiée à la décarbonation des parcs d’entreprise. L’enjeu est majeur puisque les sociétés pèsent environ 60 % des immatriculations neuves dans l’Union, avec un rôle structurant des loueurs et du leasing.

Ce que la Commission prépare

La feuille de route publiée au printemps 2025 annonce une initiative législative destinée à accélérer l’adoption de véhicules zéro émission dans les flottes. Les pistes incluent la réforme de régimes fiscaux qui favorisent encore les motorisations conventionnelles, une harmonisation de certains traitements de TVA, et des incitations ciblées pour les véhicules et infrastructures de recharge. L’objectif est d’aligner la demande des flottes avec les contraintes côté offre, déjà fixées par les normes CO₂ qui imposent 100 % de réductions d’émissions pour les voitures neuves à partir de 2035 et un relèvement progressif pour les utilitaires et poids lourds.

Qui serait concerné, quelles zones grises

Le scénario à l’étude viserait en priorité les loueurs courte et longue durée, les grandes flottes d’entreprises et le leasing. Les modalités clés devront préciser le périmètre (définition de « grande flotte »), d’éventuelles dérogations pour certaines catégories professionnelles ou zones rurales, ainsi que l’articulation avec les parcs publics. Une période transitoire et un traitement spécifique des contrats en cours seront déterminants pour éviter des ruptures d’approvisionnement et des pertes de valeur résiduelle.

Marché, infrastructures et cap

Le déploiement d’infrastructures est encadré par l’AFIR qui impose des bornes rapides sur les grands axes tous les 60 km avec une puissance minimale croissante, tandis que des objectifs dédiés sont fixés pour les poids lourds. Côté marché, les BEV ont atteint environ 13,6 % des immatriculations de voitures neuves en 2024 dans l’UE et environ 15,6 % au premier semestre 2025, avec des écarts notables entre pays et entre segments particuliers et entreprises. Cette dynamique reste en deçà de la trajectoire nécessaire pour 2030, d’où la focalisation sur les flottes qui renouvellent vite et alimentent l’occasion.

Indicateur Valeur de cadrage
Poids des immatriculations d’entreprises ≈ 60 % du marché des voitures neuves UE
Immatriculations via leasing ≈ 3 millions par an, proche de 30 % du marché
Part BEV UE 2024 ≈ 13,6 %
Part BEV UE S1 2025 ≈ 15,6 %
Norme CO₂ voitures neuves Réduction 100 % à partir de 2035
AFIR sur axes TEN-T Borne rapide tous les 60 km, puissance minimale en hausse

Procédure et calendrier

La proposition « flottes d’entreprise propres » doit être déposée d’ici fin 2025 et suivra la procédure législative ordinaire : examen et amendements par le Parlement européen et le Conseil. En cas d’accord, un texte pourrait fixer un jalon 2030 pour l’arrêt des achats thermiques en flotte, avec des dispositions transitoires et des évaluations d’impact périodiques. La mise en œuvre dépendra ensuite des actes d’exécution et, selon l’instrument juridique retenu, de la transposition nationale.

Points d’attention pour les gestionnaires de parc

  • Réviser les politiques d’attribution et de mobilité en intégrant un objectif 100 % zéro émission dès 2030 dans les pays pilotes.
  • Planifier les investissements en recharge : hubs sur sites, accès aux corridors AFIR, contrats d’énergie et de flexibilité.
  • Optimiser le coût total de possession : valeurs résiduelles, cadence de rotation, maintenance et assurance spécifiques aux BEV.
  • Sécuriser l’approvisionnement : accords cadre avec loueurs, constructeurs et opérateurs de recharge.
  • Anticiper la comptabilisation durable : reporting d’émissions, critères taxonomiques, audit des avantages fiscaux.

Controverses et faisabilité

Des responsables politiques et organisations professionnelles contestent un basculement au 100 % électrique dès 2030 pour les flottes, invoquant la maturité technologique, le coût, la valeur résiduelle et le maillage de recharge. Les institutions rétorquent que la neutralité climatique et les standards CO₂ déjà votés rendent indispensable une accélération de la demande côté entreprises, d’autant que le secteur des loueurs diffuse rapidement des véhicules récents sur le marché de l’occasion.

Ce qu’il faut retenir

Le « 2030 pour les flottes » reste un projet à l’étude et non une règle en vigueur, mais le cap politique est clair : faire des parcs d’entreprise un levier central de l’électrification. Entre réformes fiscales, contraintes d’infrastructure et objectifs climatiques, les décisions des prochains mois fixeront la vitesse de transition d’un segment qui façonne la majorité des ventes neuves en Europe.

Dimitri Hubert
Dimitri Hubert

Passionné par les voitures depuis son plus jeune âge, Dimitri a travaillé pendant 20 ans dans un garage automobile et pendant 10 ans chez un concessionnaire. Aujourd'hui, il partage son expertise à travers des analyses détaillées et des retours d'expériences sur l'univers automobile.

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