Freinages fantômes : l’État ouvre une enquête

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Dernière mise à jour le 14 août 2025
Freinages fantômes : l'État ouvre une enquête

Le gouvernement français a décidé d’examiner les cas de freinages fantômes signalés par des conducteurs. L’objectif est de vérifier le comportement des systèmes de freinage automatique d’urgence et, plus largement, des aides à la conduite. À la date du 14 août 2025, le ministère chargé des Transports indique vouloir interroger les constructeurs et conduire des essais en conditions représentatives. Le Service de surveillance du marché des véhicules et des moteurs (SSMVM), rattaché à l’administration centrale, coordonne la démarche. Une prise de contact avec la lanceuse d’alerte à l’origine des signalements a eu lieu le 7 août.

De quoi parle-t-on exactement

Un « freinage fantôme » est un freinage intempestif déclenché sans danger avéré. Il survient quand les capteurs et les algorithmes interprètent à tort un objet ou une situation comme une collision imminente. Les causes typiques incluent des reflets, un contre-jour, des marquages au sol dégradés, des portiques, l’entrée d’un tunnel ou des véhicules partiellement masqués. Ce phénomène est connu des autorités de sécurité, qui le qualifient de false positive dans leurs documents techniques.

Ce que prévoit le droit

En Europe, l’équipement en aides à la conduite est encadré par le règlement (UE) 2019/2144, dit General Safety Regulation. L’obligation s’applique aux nouveaux types depuis le 6 juillet 2022 et à tous les véhicules neufs immatriculés depuis le 7 juillet 2024, avec des extensions prévues jusqu’en 2029 selon les catégories. Pour l’homologation détaillée du freinage d’urgence autonome, la base est le Règlement ONU n°152 qui précise les scénarios de détection et les performances minimales, y compris l’élargissement progressif vers piétons et cyclistes.

Qui fait quoi en France

Le SSMVM contrôle le respect des règles sur le marché national. Il peut demander des informations aux constructeurs, réaliser ou faire réaliser des essais, et imposer des mesures correctives. Son rapport d’activité 2024 fait état d’un effectif resserré d’environ 11 ETP. Les essais pourront s’appuyer sur des protocoles reconnus, comme ceux d’Euro NCAP, et sur l’expertise d’organismes d’essais français.

Données et signaux disponibles

  • La lanceuse d’alerte indique avoir recueilli plus de 250 témoignages en un mois. Ces témoignages décrivent des freinages brusques sans intervention du conducteur, parfois suivis d’une collision par l’arrière.
  • Un accident mortel survenu en décembre 2023 sur l’A7 est cité dans les signalements. L’enquête en cours doit préciser les causes techniques et humaines exactes.
  • Les modèles évoqués couvrent plusieurs marques et segments. L’enjeu porte donc sur le fonctionnement des systèmes plutôt que sur un seul véhicule.
  • Les bilans publics de sécurité routière ne ventilent pas aujourd’hui l’accidentalité selon les « activations indésirables » des aides à la conduite. Une consolidation multi-sources est attendue : assureurs, expertises de sinistres, retours d’ateliers, données d’essais.

Ce que va chercher l’enquête

  • Identifier les conditions de déclenchement les plus fréquentes : météo, luminosité, infrastructure, trafic.
  • Comparer la calibration logicielle des capteurs et des algorithmes entre marques et versions.
  • Mesurer l’impact de mises à jour logicielles ou de remplacement de capteurs sur la fréquence des faux positifs.
  • Évaluer la cohérence entre les exigences d’homologation, les protocoles d’essai et l’usage réel.

Références internationales utiles

Aux États-Unis, l’agence fédérale de sécurité routière a finalisé en 2024 une règle rendant l’AEB obligatoire sur les véhicules légers. Les documents de cadrage discutent explicitement l’équilibre entre détection précoce et risque accru de faux positifs. Cette approche nourrit la réflexion française sur les seuils d’alerte, les temps de réaction et les filets de sécurité destinés à limiter les déclenchements indésirables.

Méthodes d’essais pressenties

  • Tests sur piste avec mannequins, cibles montées sur chariots et scénarios à vitesse contrôlée.
  • Campagnes routières en milieux variés : urbain dense, périurbain, autoroute, tunnels.
  • Scénarios sensibles : contre-jour, pluie, brouillard, marquages effacés, portiques, bretelles, véhicules masqués.
  • Analyse des journaux de bord et des mises à jour logicielles installées avant les incidents.

Tableau de repères

Élément Référence Implication pour l’enquête
Obligation d’ADAS Règlement (UE) 2019/2144 Véhicules récents tous équipés, échantillon large possible
Homologation AEB Règlement ONU n°152 Scénarios et seuils définis, comparables entre marques
Autorité de contrôle SSMVM Peut demander essais, données, actions correctives
Protocoles d’essais Euro NCAP Base pour scénarios reproductibles et comparables
Référence internationale Règle fédérale américaine sur l’AEB Éclairage sur la gestion des faux positifs et des seuils

Conséquences possibles

  • Mises à jour logicielles pour modifier les seuils de détection, la fusion de capteurs ou la logique d’alerte.
  • Actions correctives ciblées sur des capteurs ou des faisceaux en cas de défaillance identifiée.
  • Communications aux conducteurs sur les limites des systèmes, les conditions d’usage et la conduite à tenir.
  • Éventuelles campagnes de rappel si un défaut de conformité ou de sécurité est avéré.

Conseils pratiques pour les usagers

  • Maintenir les capteurs dégagés : pare-brise propre, radar non obstrué.
  • Vérifier et installer les mises à jour proposées par le constructeur.
  • Signaler tout incident au réseau après-vente et, le cas échéant, au SSMVM via les canaux officiels.
  • Garder la maîtrise du véhicule : les aides assistent, elles ne remplacent pas la vigilance.

Ce qu’il faut retenir

L’État enquête sur les « freinages fantômes » pour déterminer l’ampleur du phénomène et ses causes. Le cadre réglementaire existe et impose l’AEB sur les véhicules neufs. Les autorités vont confronter exigences d’homologation, essais et usage réel. Les résultats attendus portent autant sur des ajustements logiciels que sur des recommandations aux conducteurs. En attendant les conclusions officielles, la prudence et l’entretien des capteurs restent les meilleures protections.

Dimitri Hubert
Dimitri Hubert

Passionné par les voitures depuis son plus jeune âge, Dimitri a travaillé pendant 20 ans dans un garage automobile et pendant 10 ans chez un concessionnaire. Aujourd'hui, il partage son expertise à travers des analyses détaillées et des retours d'expériences sur l'univers automobile.

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