Juillet 2025 marque un tournant critique pour l’industrie automobile mondiale. Entre baisse des ventes, incertitudes sur l’avenir de l’électrique et tensions technologiques, le secteur traverse une phase de fragilité qui inquiète autant les constructeurs que les consommateurs. Les chiffres confirment une dynamique négative amorcée depuis plusieurs trimestres, aggravée par la fin des aides publiques, une inflation persistante et des guerres commerciales qui désorganisent les chaînes de valeur.
Ventes en chute libre malgré les ambitions écologiques
En France, les ventes de voitures neuves sur les six premiers mois de l’année se sont établies à 842 203 unités, en recul de 7,9 % par rapport à la même période en 2024. Le marché reste largement inférieur à son niveau de 2019, alors qu’il avait dépassé 1,16 million de ventes à mi-parcours. Ce ralentissement s’explique en grande partie par la hausse des prix des véhicules neufs, combinée à une réorientation massive des acheteurs vers le marché de l’occasion, plus accessible.
Les véhicules électriques, pourtant au cœur des stratégies industrielles, ne sont pas épargnés. En France, les immatriculations de voitures 100 % électriques ont baissé de 7,1 % par rapport à l’an dernier. Cette tendance s’observe également à l’échelle européenne, avec un recul de 5,9 % des ventes de VE en 2024, leur part de marché tombant de 14,6 % à 13,6 %. Certains pays résistent, comme le Danemark ou la Belgique, mais des marchés clés comme l’Allemagne voient leur adoption s’effondrer, passant de 18,4 % à 13,5 % en un an.
Les raisons d’un désengagement progressif
La baisse des incitations fiscales est l’un des principaux facteurs expliquant cette crise. L’arrêt progressif des aides à l’achat de véhicules électriques dans plusieurs pays européens, ainsi qu’aux États-Unis, a freiné brutalement l’élan de la transition énergétique. En parallèle, les coûts de production, bien que légèrement réduits grâce à la baisse du prix des batteries, restent élevés, notamment à cause des tensions sur les terres rares et les matières premières.
Les constructeurs sous pression
La situation affecte directement les géants du secteur. Volkswagen a abaissé ses prévisions financières pour 2025 après une charge tarifaire de 1,3 milliard d’euros liée aux mesures américaines. La marque allemande n’anticipe désormais plus qu’une marge opérationnelle de 4 à 5 %, contre 5,5 à 6,5 % initialement attendus. Tesla, de son côté, a connu son pire trimestre en dix ans avec une baisse de chiffre d’affaires de 16 % et une chute des livraisons de 13,5 % au deuxième trimestre 2025. Elon Musk a reconnu que l’entreprise allait traverser « quelques trimestres difficiles ».
Panorama mondial d’une crise sectorielle
Les tensions ne se limitent pas à l’Europe ou aux États-Unis. Au Royaume-Uni, la production automobile a reculé de 12 % au premier semestre, atteignant son plus bas niveau depuis 1953, hors crise sanitaire. En Inde, les concessionnaires alertent sur une chute de 9,4 % des ventes au détail en juin, alors que les stocks explosent, avec des délais de rotation dépassant 55 jours.
Tensions technologiques et commerciales en toile de fond
Au-delà des chiffres de vente, la crise révèle des enjeux technologiques complexes. L’électrification des gammes reste une priorité stratégique, mais elle se heurte à une surcapacité chinoise en matière de batteries et de véhicules électriques. Cette offre massive, souvent peu rentable, provoque une guerre des prix qui pèse sur les marges des concurrents européens et américains.
Par ailleurs, les tensions commerciales croissantes – notamment les tarifs douaniers imposés par les États-Unis aux constructeurs étrangers ou les enquêtes européennes sur les subventions chinoises – désorganisent les chaînes logistiques et génèrent une forte incertitude pour les mois à venir.
Évolution des parts de marché des véhicules électriques (Europe)
Pays | Part VE 2024 | Part VE 2025 | Évolution |
---|---|---|---|
France | 15,2 % | 14,1 % | -1,1 pt |
Allemagne | 18,4 % | 13,5 % | -4,9 pts |
Belgique | 12,8 % | 16,3 % | +3,5 pts |
Danemark | 19,5 % | 23,1 % | +3,6 pts |
Le second semestre 2025 s’annonce décisif. Les constructeurs devront faire preuve d’agilité stratégique pour relancer la dynamique commerciale, tout en répondant aux contraintes écologiques et réglementaires de plus en plus strictes. Dans ce contexte mouvant, la confiance des consommateurs devient un facteur clé à regagner, face à une transition énergétique qui semble de plus en plus incertaine.