À Munich, la direction de Stellantis met sur la table un plan d’action pour protéger la production et l’emploi en Europe face à une demande BEV plus hésitante, à la pression des prix et à la compétition internationale. L’idée maîtresse est d’installer un rythme de transition réaliste en combinant hybrides, hybrides rechargeables et électriques, tout en accélérant le renouvellement d’un parc ancien afin de réduire les émissions réelles sur route.
Virage stratégique et cadre politique
Le groupe ne vise plus 100 % de ventes électriques en 2030 en Europe. Il plaide pour des règles « pragmatiques » qui favorisent le remplacement rapide des vieux véhicules, la coexistence des motorisations durant la décennie et un allongement de la période d’évaluation CO₂ des utilitaires légers de 3 à 5 ans. Objectif: faire baisser vite les émissions réelles, sans fragiliser l’appareil industriel ni le pouvoir d’achat. Aucune cession de Maserati n’est envisagée.
Compétitivité industrielle et investissement local
Stellantis sécurise ses bases européennes en Italie avec environ 2 Md€ d’investissements fléchés en 2025 sur les sites clés, complétés par 6 Md€ pour la filière de sous-traitance. Le groupe ajuste aussi son empreinte thermique: cession de VM Motori en cours et plans de départs volontaires à Melfi, pendant que la plateforme STLA Medium monte en cadence. Côté batteries, l’usine ACC Billy-Berclau est en production et la montée en puissance se poursuit, tandis que les sites de Kaiserslautern et Termoli ont vu leurs calendriers recalés pour coller au marché.
Reconquête par le produit et le prix
La riposte sur l’entrée de gamme passe par des EV « valeur pour argent ». Citroën sert de fer de lance avec l’ë-C3 à 23 300 € et une version annoncée à 19 990 €. En parallèle, Stellantis déploie sa JV Leapmotor International pour occuper le terrain des électriques abordables: réseau visé à plus de 700 points en Europe fin 2025, T03 et C10 déjà lancés, B10 sous 30 000 € et B05 attendu en Europe en 2026.
- Transition pilotée par le mix HEV PHEV BEV pour suivre la demande réelle
- Accélération du renouvellement du parc pour réduire vite les émissions
- Investissements industriels en Europe du Sud et montée en puissance ACC
- Offensive EV accessibles avec Citroën et la JV Leapmotor
- Discours de pragmatisme réglementaire pour protéger l’emploi et la chaîne de valeur
Pilotes opérationnels et calendrier
Le management fixe des priorités très concrètes: assainir les stocks, exécuter sans défauts industriels, remonter la rentabilité par l’effet mix et la relance produit. Une mise à jour de cap long terme est annoncée pour le premier semestre 2026. Si l’Amérique du Nord reste la première source de cash, la restauration des marges en Europe demeure un pilier, avec des produits calibrés pour les segments A B C et un recentrage des investissements batterie au plus près des besoins.
| Pilier | Action Stellantis | Indicateur clé |
|---|---|---|
| Transition énergétique | Mix HEV PHEV BEV et pragmatisme CO₂ LCV | Évaluation CO₂ utilitaires: 5 ans visés |
| Compétitivité industrielle | Investissements usines Italie et ajustements thermiques | ≈ 2 Md€ sites + 6 Md€ filière |
| Batteries Europe | Montée en cadence ACC et phasage des autres sites | Billy-Berclau en production |
| EV abordables | Citroën ë-C3 et JV Leapmotor | Prix d’appel 19 990 € et réseau > 700 points |
| Marge et volumes | Assainissement stocks et discipline d’exécution | Cap stratégique révisé S1 2026 |
Ce qu’il faut surveiller
La dynamique commerciale des petites EV sous 25 000 €, la capacité d’ACC à monter en débit, l’accueil marché des modèles sur STLA Medium et la traction de la JV Leapmotor constitueront les baromètres de l’année. La réussite du plan passera par des volumes raisonnables, des coûts sous contrôle et une régulation européenne apte à conjuguer climat, emploi et compétitivité.
