Stellantis renonce, pour l’instant, au déploiement de sa conduite conditionnelle de niveau 3. Présentée en février 2025 comme prête à être lancée, la solution interne « STLA AutoDrive » ne sera pas commercialisée. En cause: des coûts élevés, des défis techniques, une demande client jugée trop limitée et un cadre réglementaire hétérogène selon les pays. Le groupe privilégie désormais des aides à la conduite L2 et L2+ à large diffusion, tout en capitalisant sur les briques logicielles déjà développées.
Ce qui change concrètement
| Élément | Détail clé |
|---|---|
| Programme concerné | STLA AutoDrive L3 mis en pause, pas de lancement prévu à court terme |
| Capacités annoncées en février 2025 | Conduite mains libres et regard détourné jusqu’à 60 km/h en trafic dense, extension envisagée à 95 km/h |
| Motifs avancés | Coûts d’industrialisation et de responsabilité, maturité technologique, intérêt client insuffisant, règlements variables |
| Orientation produit | Priorité aux ADAS L2 L2+ et au time to market via davantage de fournisseurs |
| Pilier logiciel | Maintien des plateformes STLA Brain et outils d’IA issus de aiMotive (acquise en 2022) |
| Cockpit et connectivité | Arrêt du projet de SmartCockpit avec Amazon, bascule vers un système Android pour l’infodivertissement |
| Gouvernance | Antonio Filosa nommé directeur général le 23 juin 2025 |
| Signal boursier | Action en recul d’environ 2 % à 9,93 $ la veille de l’annonce, baisse de plus de 40 % sur 12 mois |
| Ambition 2030 réaffirmée | Objectif logiciel de l’ordre de 20 Md€ de revenus annuels incrémentaux, avec réutilisation des travaux L3 |
Conséquences pour le marché et pour Stellantis
- Clients: montée en gamme des fonctions L2 L2+ (maintien de voie, changement de voie assisté, supervision active du conducteur) sur des volumes plus accessibles, sans promesse de délégation prolongée des yeux.
- Rythme d’investissement: réallocation de capex vers les fonctionnalités les plus demandées et vers l’industrialisation rapide avec partenaires tiers.
- Monétisation: recentrage sur des services connectés, mises à jour à distance et packs d’assistance facturables, en attendant une fenêtre réglementaire plus large pour le L3.
- Concurrence: pendant que Mercedes DRIVE PILOT et BMW Personal Pilot L3 progressent sur des périmètres limités, Stellantis choisit la couverture large du L2+, avec un coût et un risque juridiques moindres.
- Calendrier: la mise en pause n’efface pas les acquis techniques du L3. Ils pourront être réinjectés dans une prochaine itération si l’arbitrage coût, réglementation et appétence client évolue favorablement.
Lecture stratégique
Le renoncement au L3 illustre un arbitrage classique entre innovation de rupture et exécution produit. En privilégiant les ADAS L2 L2+ et un cockpit unifié sous Android, Stellantis vise une adoption plus rapide, une réduction du risque et une meilleure soutenabilité des marges. Dans l’immédiat, l’équation commerciale passe par la diffusion massive de fonctions utiles et monétisables, tandis que la conduite conditionnelle reste en veille technologique. Les prochains mois diront si ce séquencement permet de stabiliser les performances financières et de préparer, le moment venu, un retour plus maîtrisé vers la délégation de conduite.
