Renault développe un nouveau véhicule électrifié en s’appuyant sur une technologie fournie par Geely. Le programme s’inscrit dans la coopération industrielle déjà engagée entre les deux groupes. À la date du 14 août 2025, aucun communiqué ne détaille le modèle, le site d’assemblage ou la date de lancement. Les éléments ci-dessous décrivent ce que la technologie de Geely peut apporter et ce que Renault peut en tirer, à partir de données officielles publiées par les entreprises concernées et d’informations publiques d’organismes reconnus.
Contexte officiel de la coopération
Renault et Geely ont formé une coentreprise mondiale dédiée aux groupes motopropulseurs hybrides et thermiques à faibles émissions, Horse Powertrain Limited, détenue à parts égales et opérationnelle depuis 2024. Cet accord officialise un partage d’industrialisation, de R&D et d’approvisionnement. Il crée un cadre pour d’autres projets techniques conjoints, dont des véhicules électrifiés s’appuyant sur des briques technologiques de Geely. Les deux groupes communiquent depuis plusieurs années sur des synergies de plateformes et d’ingénierie, avec pour objectif déclaré de réduire les coûts et d’accélérer les cycles de mise sur le marché.
La base technique visée chez Geely
Geely décrit son architecture véhicule de nouvelle génération, connue sous le nom d’architecture GEA, comme une base modulaire couvrant plusieurs segments et compatible avec plusieurs énergies. Les données ci-dessous proviennent des documents et présentations techniques du constructeur.
- Multi-énergies : prise en charge du 100 % électrique (BEV), de l’hybride rechargeable (PHEV) et de l’extension d’autonomie électrique (EREV). Certaines variantes incluent des solutions de carburants alternatifs.
- Électronique centralisée : architecture E/E avec calcul haute performance central, permettant des mises à jour logicielles étendues et la mutualisation des calculateurs.
- Système haute tension : déclinaisons 400 V et 800 V prévues selon versions et marchés, pour optimiser les temps de charge et l’efficacité.
- Groupe motopropulseur intégré : unité électrique dite “11-en-1” intégrant moteur, onduleur, réducteur et auxiliaires. Geely met en avant un rendement d’onduleur dépassant 90 % et un allègement des masses par intégration.
- Batteries LFP annoncées : cellules dites “Short Blade” avec une densité massique communiquée d’environ 192 Wh/kg. Geely revendique des cycles de vie élevés et une charge 10 à 80 % en une quinzaine de minutes selon puissance disponible et chimie retenue. Une déclinaison “800 V” de type “Gold Brick” est présentée avec des durées de charge encore réduites.
- Gestion thermique et sécurité : stratégie multi-canaux pour la sécurité active de la batterie, capteurs additionnels et contrôle fin des flux de chaleur pour stabiliser la performance sous contraintes réelles.
Pourquoi Renault peut s’y intéresser
- Réduction du coût matière : accès à des sous-systèmes standardisés déjà produits en grande série par l’écosystème Geely. Objectif : améliorer le coût au kilomètre et la compétitivité hors Union européenne.
- Time-to-market : une base technique mature permet de raccourcir la phase de développement par rapport à une plateforme 100 % maison. Cela facilite une entrée plus rapide sur des marchés sensibles au prix.
- Flexibilité produit : la compatibilité BEV et PHEV autorise des variantes adaptées aux fiscalités locales et aux contraintes d’infrastructures de recharge.
- Capteurs et logiciel : l’architecture centralisée facilite les mises à jour à distance, la calibration des aides à la conduite et l’activation de services connectés.
Ce que cela change pour le véhicule à venir
Le design extérieur et l’aménagement intérieur resteront spécifiques à Renault afin de préserver l’identité de marque. La structure, l’électronique de puissance et les sous-systèmes électriques pourront provenir du catalogue Geely lorsque cela est pertinent. Cette combinaison doit permettre un positionnement prix maîtrisé avec des prestations EV ou PHEV conformes aux attentes actuelles : recharge rapide, efficience énergétique et services connectés évolutifs.
Indicateurs techniques à intégrer dans un cahier des charges
Élément | Référence Geely/constructeur | Effet attendu pour Renault |
---|---|---|
Architecture GEA | Plateforme modulaire multi-énergies | Choix BEV ou PHEV par marché, volumes mutualisés |
Chaîne “11-en-1” | Intégration moteur/onduleur/réducteur | Compacité, rendement, simplification d’assemblage |
Batteries LFP | “Short Blade” et déclinaisons 800 V | Coût réduit, charge rapide, durabilité |
Électronique centralisée | Calcul haute performance + OTA | Mises à jour logicielles, fonctions ADAS évolutives |
Marchés et cadence de développement
La cible naturelle de ce projet se trouve dans des régions où l’élasticité au prix est forte et où les réseaux de recharge se densifient. L’approche modulaire permet d’adapter la chimie de batterie, la tension de système et le niveau d’équipements. Dans l’industrie, un véhicule dérivé d’une base existante se développe généralement plus vite qu’un programme depuis une feuille blanche, ce qui ouvre la voie à une commercialisation en quelques années, selon l’industrialisation retenue et les homologations locales.
Points de vigilance
- Homologation : adaptation des calibrations ADAS et des normes de sécurité propres à chaque zone.
- Approvisionnement : sécurisation des cellules, de l’onduleur et des composants critiques pour éviter les goulots d’étranglement.
- Coûts logistiques : arbitrage entre sourcing régional et intégration locale pour limiter le coût total d’acheminement.
- Expérience client : cohérence entre services connectés, réseau après-vente et rapidité des mises à jour logicielles.
Ce qu’il faut retenir
Renault prépare un véhicule électrifié en s’appuyant sur une base technologique fournie par Geely. L’architecture GEA, telle que présentée par Geely, combine compatibilité multi-énergies, électronique centralisée et options 800 V. Elle s’accompagne de batteries LFP à la charge rapide et d’un groupe motopropulseur très intégré. Ce montage peut offrir à Renault un raccourci industriel : des coûts contenus, un temps de développement réduit et des variantes adaptées aux marchés hors Europe. Le projet reste à ce stade sans fiche technique officielle, mais les briques disponibles chez Geely dessinent un cadre clair pour un modèle électrique ou hybride rechargeable à vocation internationale.