Publié au Journal officiel de l’UE en mai 2024 et entré en vigueur fin mai, le règlement Euro 7 change la donne sans abaisser les seuils d’échappement des voitures par rapport à Euro 6. La bascule vient d’exigences additionnelles qui s’appliquent dès fin 2026 pour les nouveaux types de M1/N1 et fin 2027 pour toutes les immatriculations, avec des reports ciblés pour les petits volumes jusqu’au 1er juillet 2030. Entre 2026 et 2030, ces contraintes techniques et calendaires peuvent entraîner le retrait de versions thermiques à faible marge ou faible volume.
Ce que change vraiment Euro 7
Les limites de NOx, CO et particules à l’échappement restent celles d’Euro 6 pour les voitures et vans, mais la réglementation étend la durabilité des systèmes antipollution, généralise des contrôles en usage réel et introduit un on-board monitoring qui surveille en continu les émissions et déclenche des actions de service. Elle ajoute des plafonds pour les particules de frein et une trajectoire d’encadrement de l’abrasion des pneus, puis instaure un passeport environnemental embarqué. Pour les véhicules électriques et hybrides, des seuils minimaux de durabilité des batteries deviennent opposables.
| Exigence clé | Valeur ou mécanisme | Calendrier automobile |
|---|---|---|
| Application voitures et vans M1/N1 | Nouveaux types puis toutes immatriculations | 29 nov. 2026 puis 29 nov. 2027 |
| Petits constructeurs | Report ciblé | Jusqu’au 1er juil. 2030 |
| Durabilité antipollution | 160 000 km ou 8 ans, vérifications jusqu’à 200 000 km ou 10 ans | À l’application d’Euro 7 |
| Surveillance en service | OBM embarqué et contrôles élargis en conditions réelles | À l’application d’Euro 7 |
| Particules de frein (PM10) | 3 mg/km pour BEV, 7 mg/km pour hybrides et thermiques | Révision prévue au 1er janv. 2030 |
| Abrasion des pneus | Limites par classes C1 à C3 via WP.29, actes délégués si retard | Jalons réglementaires entre 2026 et 2030 |
| Durabilité batteries voitures | ≥ 80 % à 5 ans ou 100 000 km puis ≥ 72 % à 8 ans ou 160 000 km | À l’application d’Euro 7 |
| Durabilité batteries vans | ≥ 75 % puis ≥ 67 % aux mêmes horizons | À l’application d’Euro 7 |
| Poids lourds M2/M3/N2/N3 | Réduction des plafonds vs Euro VI, nouvelles limites NH₃ et N₂O | Nouveaux types 29 mai 2028, toutes immats 29 mai 2029 |
Pourquoi des moteurs peuvent disparaître
Pour les citadines et compactes thermiques d’entrée de gamme, l’ajout d’un OBM, de systèmes de frein à faibles poussières et de pneus conformes aux nouveaux plafonds d’abrasion renchérit les coûts d’ingénierie, d’homologation et de suivi. Avec des délais d’application serrés, l’amortissement de ces investissements avant 2030 devient difficile. À l’inverse, les modèles à fort volume, premium ou déjà électrifiés ont davantage de latitude pour absorber ces coûts, d’autant que la trajectoire CO₂ européenne vers 2035 oriente déjà l’offre vers l’hybride rechargeable et l’électrique.
Segments à risque et points de vigilance
- Versions thermiques à faible marge entre 2026 et 2030, notamment sur B et C à boîte manuelle et petites cylindrées
- Séries spéciales ou moteurs peu diffusés dont la revalidation complète n’est pas rentable
- Capacité des fournisseurs à livrer à temps des freins « low dust » et des pneus à abrasivité conforme
- Charge opérationnelle en après-vente liée au monitoring embarqué et aux mises à jour correctives
Ce qui arrive pour les utilitaires et poids lourds
Le durcissement est plus marqué que pour les voitures: baisses nettes des plafonds de NOx, PM et CO sur cycles WHSC/WHTC, exigences accrues de durabilité et de surveillance, et calendrier 2028 à 2029 selon le type d’immatriculation, avec un report au 1er juillet 2031 possible pour les petits volumes. Les motoristes et équipementiers devront adapter catalyseurs, EGR, SCR et systèmes de comptage particulaire en usage réel tout en conservant l’efficience énergétique.
À retenir pour 2026 à 2030
Euro 7 n’enterre pas les moteurs thermiques par des limites d’échappement plus strictes, mais par la combinaison de nouvelles obligations mesurables dans le temps. C’est cette addition de contraintes techniques et de délais qui peut provoquer la disparition de variantes thermiques jugées non rentables, en parallèle d’un basculement accéléré vers l’électrification pour respecter les exigences CO₂ et de qualité de l’air.





