Un nouveau chapitre s’ouvre pour Renault. Le constructeur automobile français a nommé François Provost à sa tête, marquant ainsi un tournant stratégique après le départ remarqué de Luca de Meo. Cette transition intervient dans un contexte économique incertain, où l’industrie automobile est confrontée à des défis majeurs, notamment la montée en puissance des véhicules électriques, la pression réglementaire et la concurrence internationale.
Une nomination stratégique au cœur de la transformation
À 57 ans, François Provost devient officiellement le directeur général de Renault S.A. et le président de Renault s.a.s. pour un mandat de quatre ans. Ce choix du conseil d’administration s’inscrit dans une volonté de continuité stratégique. Provost n’est pas un inconnu du groupe : il a gravi les échelons depuis son entrée en 2002, occupant des postes à haute responsabilité aussi bien en Europe qu’en Asie. Son profil d’ingénieur de l’École polytechnique, ancien membre du Corps des Mines, en fait un dirigeant aussi rigoureux que polyvalent.
Un parcours international riche et discret
Provost a dirigé Renault Samsung Motors en Corée pendant cinq ans, a été en charge des opérations du groupe en Chine, puis en Asie-Pacifique. Plus récemment, il occupait un rôle clé au sein de la direction des achats, des partenariats et des affaires publiques. Son style de management est salué pour sa sobriété, son efficacité, et son ancrage dans la culture produit : il se définit lui-même comme un « car guy » qui a appris l’humilité au fil des années.
Le contexte délicat du départ de Luca de Meo
Cette nomination intervient après la démission inattendue de Luca de Meo, qui quitte Renault pour rejoindre un groupe de luxe. Son départ a provoqué des remous en interne comme sur les marchés financiers : l’action Renault a chuté de près de 25 % en quelques semaines, effaçant une partie des gains réalisés sous sa direction. Le conseil d’administration, présidé par Jean-Dominique Senard, a donc opté pour un successeur interne capable de rassurer les investisseurs tout en poursuivant les projets entamés.
Les défis qui attendent François Provost
Le nouveau dirigeant prend les rênes d’un groupe en pleine mutation, confronté à plusieurs enjeux majeurs :
- Poursuivre la stratégie d’électrification à travers l’entité dédiée Ampère
- Renforcer les partenariats stratégiques avec Nissan, Geely et Saudi Aramco
- Stabiliser la performance financière après la révision à la baisse des prévisions de marge opérationnelle à 6,5 %
- Réduire la dépendance aux marchés européens en développant la présence internationale
- Réagir à la concurrence des constructeurs chinois sur les segments électriques
Une situation financière sous surveillance
Le climat économique reste tendu. En juin, Renault a lancé un avertissement sur résultats après des ventes décevantes en Europe. Le groupe a également annoncé une importante dépréciation comptable de 9,5 milliards d’euros, liée à sa participation dans Nissan. Cette charge pèse sur les comptes alors que les marges sont déjà fragilisées. Provost devra impérativement rassurer les actionnaires et le marché, tout en tenant le cap sur la transformation énergétique du groupe.
Un calendrier chargé dès 2025
Voici un aperçu des priorités stratégiques identifiées dès l’arrivée de François Provost :
| Période | Objectif clé | Indicateur de réussite |
|---|---|---|
| Août – Décembre 2025 | Stabiliser les marchés et relancer la confiance | Évolution positive du cours de l’action |
| 2026 | Lancement de nouveaux modèles électriques | Part de marché VE en Europe |
| 2027 | Renforcement des partenariats industriels | Investissements conjoints avec Geely/Nissan |
| 2028 | Déploiement industriel complet de Ampère | Capacité de production électrique atteinte |
Un dirigeant taillé pour la tempête
La nomination de François Provost marque la volonté du groupe de miser sur la stabilité, la technicité et une connaissance intime de ses rouages internes. S’il n’a pas la flamboyance médiatique de son prédécesseur, il dispose d’un atout rare dans le monde automobile : une expérience opérationnelle complète, ancrée sur le terrain, et une vision stratégique long terme forgée dans les coulisses de la mondialisation. Les mois à venir diront s’il parvient à transformer l’essai et à repositionner Renault au sommet de l’industrie européenne.
